Vous ouvrez en septembre le premier collège lycée dédié au Esport. Le jeu vidéo deviendrait-il une chose sérieuse ?
Les jeux vidéos se sont enrichis. Ils font désormais appel à de nombreuses et indispensables compétences : agilité, prise de décision en situation de stress, capacité à coordonner une action à plusieurs, communication à distance, management, etc.
Par-dessus tout, ils encouragent les jeunes à s’entraîner et à persévérer, faire et refaire tant que l’objectif fixé n’est pas atteint. Nous sommes loin de l’image du jeune fainéant affalé devant la télévision.
S’ils sont pratiqués dans de bonnes conditions, l’intérêt des jeux vidéos sur le développement et la formation des jeunes, au moment où leur cerveau (matière grise) s’enrichit et se développe, est indiscutable. On est passé du pédagogique ennuyeux au pédagogique ludique. On a franchi la frontière de « l’apprentissage bête et inutile » à « l’acquisition de compétences et connaissances capitalisables et mobilisables pour toute la vie ».
Vous accueillerez des élèves de la 6e à la Terminale. A cet âge,
qu’attendez-vous réellement des élèves ?
Nous attendons de nos élèves qu’ils acceptent les règles du jeu, comme dans l’univers du gaming. Ils doivent fournir les efforts nécessaires le matin en cours pour pourvoir assouvir leur passion l’après-midi. Ainsi, le gaming de l’après-midi est une récompense au travail académique du matin. Le cadre que nous leur proposons, dans un château, avec un univers dédié aux jeux, leur permettra de s’épanouir ; nous avons tout pensé pour qu’ils s’y plaisent. Notre attente est donc simple : ils sont là pour vivre, apprendre et se dépenser dans cet univers. Enfin, ils sont aussi là pour être les acteurs de leur vie de collégiens et lycéens.
Cela fonctionnera très bien. Honnêtement, nous n’avons jamais développé un projet aussi agréable et sympathique. Nous sommes tous très motivés. Si j’osais, je ferais un parallèle entre un parc d’attraction et notre établissement : nous avons transformé 11 hectares pour en faire une «académie ludique» ou un «parc d’attraction académique», au choix.
Vous remettez les internats à l’honneur avec le groupe Diderot. Pourquoi ?
La boarding school anglaise (internat) n’est pas un lieu où l’on envoie les enfants distraits, insolents ou fainéants en espérant que le cadre les remette dans le bon chemin. Les Anglais et Américains envoient leurs enfants en boarding school (internat) pour qu’ils découvrent des valeurs indispensables que la maison et le collège lycée du quartier ne permettent pas d’acquérir. Les jeunes apprennent le respect, l’entraide, se détourne du nombrilisme, portent des projets communs, apprennent autant à diriger qu’à obéir. Ils découvrent le sport sous plusieurs formes avec un rythme bien plus élevé qu’en famille. Enfin, ils ont la joie de vivre des amitiés exceptionnelles avec des amis qu’ils garderont pour la vie. Ils rencontrent des enfants du monde entier et entendent jusqu’à 10 langues différentes autour d’eux. Ils comprennent naturellement que parler Anglais est incontournable.
Or en France, nous avons constaté que l’internat n’existait pas ; seul le pensionnat existait. Nous avons donc voulu imiter nos amis anglo-saxons. Aujourd’hui, nous avons réussi notre pari. Nous formons une classe d’élèves exceptionnels qui savent s’adapter au monde, prendre des initiatives et diriger leur vie. Nos élèves développent leur esprit critique, leur créativité comme leur sens du devoir. En un mot dans les internats Diderot, nos élèves deviennent des hommes et des femmes libres.